Citations de Alain Peyrefitte
"Tout entrepreneur sait bien que le problème essentiel de son entreprise est un problème d'organisation. Comment mêler l'apport d'énergies diverses ? Comment les combiner de la meilleure façon possible ? Dans la plupart des structures tant soit peu vieillies, il est aisé de diagnostiquer un gaspillage de compétences et un sous-rendement. La "prolétarisation" de l'encadrement reflète principalement une incapacité à utiliser les talents."
"La confiance ne se commande pas. Elle vient du fond de nous-même. La considérer comme la matrice de la société, c'est renvoyer à l'intériorité, c'est affirmer que la société ne relève pas d'une fabrication.Ce concept a aussi l'avantage de souligner la totale interdépendance entre le personnel et le social : la confiance en soi, la confiance en autrui, c'et le même mouvement de l'âme."
"La conception de l'argent, comme bien à consommer et non comme outil, et un trait fondamental qui distingue la mentalité économique archaïque de la mentalité économique moderne. Celle-ci repose sur le crédit, c'est-à-dire sur la confiance faite par le prêteur à l'emprunteur pour qu'il rende le capital avec les intérêts, la confiance de l'emprunteur en sa propre capacité de rembourser et en la rentabilité de l'investissement dont il prend le risque. Ces confiances entrecroisées ont fait jaillir le développement et fondé le monde moderne."
"La société de défiance est une société frileuse, « gagnant-perdant » : une société où la vie commune est un jeu à somme nulle, voire à somme négative (« si tu gagnes, je perds ») ; société propice à la lutte des classes, au mal-vivre national et international, à la jalousie sociale, à l'enfermement, à l'agressivité de la surveillance mutuelle."
"L'éthos de confiance compétitive, la mentalité propice à l'adaptation performante ne sont pas le fait de communautés prédestinées, dans le cadre d'une mystique ou d'une théologie. Elles sont plutôt le fruit d'une libre élection du destin personnel. Elles résultent d'une volonté de se dépasser soi-même dans une entreprise risquée mais personnelle. Ici la vie prend sa revanche sur le dogme."
"L'homme se dépasse, notamment en dépassant les autres. Il peut également rester très en deçà de ses limites. A cet égard, l'existence sociale est ambigüe. Elle multiplie la capacité de chacun, mais elle suppose une organisation. Elle autorise la spécialisation des tâches, prend en charge la sécurité collective, protège les longues enfances qui sont la matrice (ou le tombeau) de la liberté ; elle assure la transmission, donc le caractère cumulatif et critique, des expériences vécues par les individus et le groupe."
"Depuis l'effondrement de l'URSS, voici deux ans, on va répétant qu'il n'y a plus qu'une superpuissance. C'est une erreur. Il y en a désormais deux. Et la deuxième a de bonnes chances de dépasser la première dans le nouveau siècle, du moins en production ; peut-être, même, beaucoup plus tôt qu'on ne pense - non à la fin, mais au milieu ; voire dans les premières décennies du XXIe siècle. Toutefois, en France, on ne l'a pas encore compris. On ne saurait admettre le succès, et encore moins la suprématie, d'un empire qui récuse nos leçons de morale politique. Pourtant, il suffit d'ouvrir les yeux."
"Chaque jour, sur le marché, des millions de consommateurs choisissent d'épargner ou de dépenser. De consommer la viande ou le poisson, le vin ou la bière, les produits frais ou les conserves. De garder leur situation ou, s'ils ont le choix, d'en changer. D'habiter en ville ou en banlieue. D'acheter telle marque de voiture ou de téléviseur."
"L'Occident ne mesure pas toujours la haine que lui vouent des peuples humiliés et offensés par sa prospérité, son passé impérial, son présent dominateur, son appui à des régimes féodaux corrompus."
"Voici ces Français, qu'on dit - plus que tous autres - ingouvernables ; qui détiennent le record des révoltes, des effondrements de régime, des luttes civiles - des malheurs collectifs. Et voici les mêmes passivement soumis à leur administration, et amoureux (toujours déçus) de l'autorité ; rebelles à leur Etat, en même temps qu'inaptes à vivre sans ce tuteur tracassier."